I - LE MUR
12 / 03 / 2011
QU'EST CE QUE L'ARCHITECTURE ?
CONFÉRENCE AU PAVILLON DE L'ARSENAL, 2012
1 - LA MONADE
Les chapelles rococos érigées dans des vallées perdues de Bavière voient leurs parois internes se froisser en de multiples plissements pour dessiner un monde plus profond et plus coloré que les champs entourés de montagnes qui s’étendent à l’extérieur. Elles illustrent la notion de «monade», théorisée par Leibniz au début du XV111e siècle, une entité «sans porte, ni fenêtre» qui contiendrait la totalité de l’univers dans les plis et les replis de son enveloppe. Nous visiterons ces espaces à la lumière de nos lieux contemporains, sécurisés et recouverts d’écrans vidéo, qui permettent à leurs occupants de s’extraire de l’ici et du là pour communiquer directement avec le très lointain.
2 - L'ENCLAVE
Nous suivrons les pérégrinations de Walter Benjamin dans les passages parisiens, ces lieux où l’espace urbain s’hypertrophie et se condense pour constituer des espaces cristaux. L'enclave, espace à la fois intérieur et extérieur, «dépasse» l’opposition du dehors et du dedans et promet un espace amniotique et fluide dans lequel les corps pourront enfin flotter. Il anticipe le monde protecteur de reflets et de transparences promis par Toyo Ito comme par Kazuyo Sejima.
3 - LE BUNKER
Le bunker apparaît comme un dispositif de protection maximale dont les murs ressemblent au toit et le toit aux fondations. Comme l’affirme Paul Virilio : en protégeant les hommes quand le sol même s’effondre, il témoigne d’un retour paroxystique aux valeurs fondamentales de l’architecture. Sans jamais chercher à se donner une quelconque visibilité, il sait s’affirmer comme une pure matrice permettant aux corps qu’il protège de parvenir à leur plein accomplissement, à leur pleine maturité.
4 - LA BULLE
Nous réinterrogerons l’architecture contemporaine à la lumière des textes du philosophe Peter Sloterdijk afin de regarder d’un autre oeil les condominiums et les gated communities venus d’Amérique et d’Asie comme les productions dystopiques des avant-gardes radicales des années soixante et les projets cyniques de Rem Koolhaas et de ses épigones. Nous opposerons aux impératifs d’ouverture et d’exposition ceux de fermeture et d’inclusion, afin d’imaginer comment penser la ville d’aujourd’hui en termes de monades urbaines et d’inventer d’autres lieux de partage, d’autres espaces communautaires.