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LES ÉLÉMENTS DE L'ARCHITECTURE IV

CONFÉRENCES À L’ÉCOLE D’ARCHITECTURE PARIS-MALAQUAIS - DU 15 FÉVRIER AU 24 MAI 2025

Poursuivons notre Odyssée à travers les éléments de l’architecture. Nous les analyserons méthodiquement pour bien comprendre ce qu’ils peuvent nous apprendre sur nous-mêmes et sur le monde... Ainsi la cheminée est intrinsèquement liée au feu, au foyer qui apporte la chaleur essentielle à la survie de la famille ou de la tribu primitive. Quant au toit, il permet de ménager sous son enveloppe un périmètre libéré de l’ardeur du soleil et des intempéries, un biotope adéquat assurant le développement optimal des hommes, des femmes et des enfants... Plus radicale, la coupole nous invite à retourner dans le ventre maternel, où nous avons accompli les premières étapes de notre formation, pour nous promettre une renaissance. Tandis que la coursive apporte un peu d’extériorité à ces formes englobantes et régressives. Elle nous rappelle que l’habitation humaine n’est pas un nid, ni une tanière, mais s’inscrit dans un ensemble plus vaste avec lequel elle doit impérativement établir de multiples interactions.

LA CHEMINÉE

Samedi 15 février 2025

Le foyer : un mot couramment utilisé pour désigner l’habitation elle-même. Sous sa hotte se tient le feu, cette énergie dévastatrice que les hommes ont réussi à dompter pour aménager autour d’eux l’environnement tempéré qui les immunise contre le froid et favorise leur développement intellectuel et physique... Tronconiques ou cylindriques, domestiques ou industrielles et souvent accompagnées de panaches de fumée qui tourbillonnent lentement vers le ciel, elles contribuent à définir sur le territoire les emplacements des colonies humaines. Revenons sur l’espace intime qui s’est longtemps organisé autour du feu avant que l’électricité ne le remplace pour diffuser chaleur et lumière dans toutes les pièces habitables. Ainsi l’iconique maison Robie réalisée en 1909 par Frank Lloyd Wright à Chicago s’organise en T sur trois niveaux autour de son foyer. Les cheminées tombent peu à peu en déshérence, mais le réchauffement climatique leur donne l’occasion de reprendre du service pour répondre à la demande de fraîcheur aujourd’hui indispensable au maintien d’une température propice au bien-être humain. De nombreuses d’entre elles se rapprochent des tours à vent orientales, captent l’air neuf ou rejettent l’air vicié. En témoignent les pyramides creuses du musée Paula-Rego d’Eduardo Souto de Moura à Cascais, les automates vibrionnants de Philippe Madec à Dunkerque ou les serres de Renzo Piano qui aspirent l’été la chaleur de l’ENS de Saclay.

LE TOIT

Samedi 15 mars 2025

Comme le suggère le dessin d ’Antonio Filarète Adam cherchant à s’abriter... montrant le premier homme, chassé du paradis, en train de joindre les mains au-dessus de sa tête pour se protéger de la pluie qui tombe des nuages, le toit possède lui aussi de sérieuses raisons d’être considéré comme l’élément essentiel de l’architecture. Les expressions courantes « avoir un toit » ou « sous le même toit » témoignent de son importance... Comme le foyer, il désigne par métonymie l’habitation humaine.
Il se révèle essentiel face aux pluies quotidiennes de l’Asie, là où les architectes restent essentiellement des charpentiers. Il se démultiplie parfois pour se superposer, tandis que son faite s’orne de sculptures, à l’instar des façades occidentales. Comme si la relation aux dieux et aux démons célestes était plus importante que le dialogue avec la ville...
Dans tous les pays, les toits nous protègent des intempéries et génèrent l’ombre qui nous permet d’échapper à la tyrannie de la lumière... L’architecture de Frank Lloyd Wright et ses plafonds légèrement excavés, comme les enveloppes de Kengo Kuma qui se plissent en de savants origamis, le montrent de manière exemplaire.
Traditionnellement les toits rejettent sans ménagement les eaux pluviales vers l’extérieur ou dans les égouts, mais ils tendent aujourd’hui de plus en plus à s’ouvrir au ciel pour les recueillir et capter le rayonnement solaire, une révolution qui permet de commencer à construire la ville douce et sans réseau de demain ...

LA COUPOLE

Samedi 12 avril 2025

Rappelons-nous du film de 1987 Le Ventre de l’architecte de Peter Greenaway, dans lequel le réalisateur anglais oppose pertinemment le ventre gonflé et stérile d’un architecte, fasciné par les projets utopiques d’Étienne Louis Boullée, au ventre rond et fertile de sa jeune femme enceinte... À travers ce filtre, les coupoles du Panthéon romain, de la basilique Sainte-Sophie ou du Saint-Pierre de Michel-Ange se révèlent comme autant de ventres glacés et morbides conçus pour abriter des foules par des hommes incapables d’enfanter...
Les espaces sous les coupoles répondent à la volonté de fuir le réel pour retrouver l’espace maternel d’avant la naissance. Ils sont souvent associés aux religions monothéistes ou aux pouvoirs totalitaires. Après une courte généalogie de ce dispositif orthopédique - allant de Mimar Sinan, l’architecte de Soliman le Magnifique, à Albert Speer, celui d’Adolf Hitler... - nous nous attarderons dans les espaces immersifs imaginés par Étienne Louis Boullée, Walter Gropius ou Jean Nouvel...
Après le ventre nous terminerons par le cerveau évoqué par ces boîtes crâniennes vides et démesurées dans lesquelles sont projetées ou mises en scène des représentations du monde, à l’instar de l’Universal Theater dessiné par Frederick Kiesler en 1961, du Louxor imaginé par Rem Koolhaas pour Rotterdam en 1996 ou de l’installation du Studio Muoto dans le Pavillon français pour la biennale de Venise en 2023...

© 2023 Richard Scoffier

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